
Bienvenue dans cette dernière Veille de l’année. Au sommaire aujourd’hui :
📉 Vague de départs chez Mubi, confronté à la réalité

Après une année tumultueuse et des résultats décevants au box-office, Mubi se réorganise et taille dans ses effectifs. D’après les informations de Deadline, confirmées par Variety, une douzaine de salariés seraient sur le départ ; Mubi ayant proposé des conditions favorables à tous ceux qui souhaiteraient partir. La plateforme indique que certains postes devraient être remplacés.
Jason Ropell, responsable des contenus, va quitter la direction opérationnelle pour accompagner le fondateur Efe Çakarel dans la stratégie future de Mubi. Arianna Bocco, qui chapeautait la distribution, va reprendre les acquisitions. Michael Weber, patron de The Match Factory (société de ventes internationales rachetée par Mubi en 2022), devient responsable de la production mondiale ; tandis que l’équipe de The Match Factory va être entièrement intégrée à Mubi.
Depuis la pandémie, Mubi a connu une croissance fulgurante (malgré l’opacité dont le groupe fait preuve). La plateforme emploierait près de 400 employés à travers 14 pays. Elle s’est diversifiée avec les séries et le rachat de The Match Factory en 2022, la création d’un festival international en 2023, d’une maison d’édition en 2024 ; et est devenue actionnaire majoritaire du distributeur Cinéart au Benelux.
Surfant sur le succès de The Substance en 2024, Mubi est parvenu cette année à lever 100 millions de dollars auprès du fonds Sequoia Capital, valorisant ainsi le groupe à 1 milliard de dollars. S’en est suivi une frénésie d’acquisitions dont La Grazia de Paolo Sorrentino, achetée à la Berlinale en battant l’offre de Pathé, ou encore Die, My Love de Lynne Ramsay, acquis pour 24 millions de dollars (!) au dernier Festival de Cannes.
Sauf que l’argent de Sequoia n’a pas eu l’effet escompté. Mubi s’est retrouvé au cœur d’un boycott majeur – Sequoia ayant financé une start-up de la tech israélienne utilisée dans le génocide à Gaza – et les explications de Mubi n’ont guère convaincu.
Côté box-office : Die, My Love, acheté 24 millions, n’a rapporté que 5,5 millions de dollars aux États-Unis (et 11 millions à l’échelle mondiale). Un échec qui motive la réorganisation interne malgré la saison de récompenses qui l’attend.
En France, Mubi a discrètement annulé la tenue de son festival qui devait se tenir du 10 au 12 octobre, et Servane Fournier, directrice marketing qui a ouvert et développé le bureau français de Mubi depuis 2020, est sur le départ.
🎬 Bientôt une carte illimitée pour les cinémas indépendants ?

Le Pass Cineville, commercialisé aux Pays-Bas, en Belgique, Allemagne et Suède. © Iris Duvekot
Cine Group, créé en janvier dernier avec la reprise des activités françaises de The Boxoffice Company (dont l’activité de billetterie cinéma, la création de sites et d’apps ou encore le média Boxoffice Pro) anciennement gérées par Webedia, vient d’annoncer un accord pour la création d’une offre d’abonnements illimités pour les cinémas indépendants français.
L’accord s’appuie sur un partenariat avec la société néerlandaise Cineville BV – à ne pas confondre avec le circuit français Cinéville – qui propose des abonnements illimités pour les salles indépendantes aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, en Suède et en Autriche (sous la marque Nonstop).
Cine Group, qui revendique gérer la billetterie de 30 % des salles françaises (dont CGR Cinémas, le 2ème circuit français derrière Pathé), s’appuierait sur Cineville pour créer une déclinaison française nommée « Cinessentiel ».
Une petite révolution en vue car depuis le lancement de la carte UGC Illimité en 2000, seuls trois autres abonnements illimités ont vus le jour en France : Le Pass Gaumont/MK2 en 2000 (devenu CinéPass Pathé), la carte Cinoc du Cinéma des cinéastes (Paris 17e) lancée par l’ARP en 2016 et réservée aux 15–25 ans ; et les formules Megarama Illimitée, lancées en 2023.
D'après le bilan du CNC, les abonnements illimitées « dans les cinémas propriétaires » ont représenté 14,12 millions d'entrées en 2024, soit 7,8 % de la fréquentation nationale. Favorables aux citadins, ils sont plus contestés par les cinémas indépendants partenaires en raison du prix de référence pour chaque entrée : 5,12 euros pour UGC et 5,08 euros pour Pathé.
Ce sera là tout l’enjeu de « Cinessentiel » : réussir à créer une offre accessible pour le public, adéquate financièrement pour les indépendants, et de dynamiser la fréquentation notamment dans des zones plus rurales. Les démarrages encourageants du Pass Cineville à l’étranger et la fine connaissance de Cine Group des exploitants indépendants permettent d’en attendre une offre particulièrement intéressante.
📬 Les brèves de La Veille
Warner crée un New New Line. Warner a recruté trois anciens de Neon – distributeur américain d’Anatomie d’une chute et Longlegs – pour fonder un nouveau label indé chez Warner. Il sortira 2 à 3 films par an (prods internes ou acquisitions) aux budgets raisonnables, partout dans le monde. L’idée est de toucher la Gen Z en s’inspirant du marketing créatif de Neon et A24. Son nom sera dévoilé d’ici Sundance. (Deadline)
Remaniement chez RMC-BFM. Nommé directeur général de RMC-BFM en avril dernier, Régis Ravanas quitte déjà ses fonctions. Fabien Namias, directeur général de BFMTV, serait également sur le départ, convoitant désormais le poste de directeur de l’information à France Télévisions. Tous deux n’auraient pas réussi à relancer BFM, talonnée par CNews et LCI, et à assainir les comptes de la chaîne. (La Lettre)
L’Arcom américaine perd son indépendance. Interrogé au Sénat, Brendan Carr, président de la Commission fédérale des communications (FCC), équivalent américain de l’Arcom, a déclaré que cette dernière « n’est pas une agence indépendante, formellement parlant ». Toutes les mentions liées à son indépendance furent alors instantanément supprimées du site, Trump ayant pris le pouvoir sur l’agence. (Axios)
Un quart des Français piégés par les sites d’infos IA. Des chiffres accablants : 14 à 16 millions d’internautes français consulteraient chaque mois l’un des 251 sites d’infos les plus visités entièrement générés par IA. Les trois quarts des lecteurs ont plus de 50 ans et s’informeraient désormais davantage par ces sites que par des vrais médias. Près de 80 % y sont envoyés par les services de Google et 10 % via Meta. (Next)
➕ de Veille
Albert Serra vient de faire condamner Capricci tandis que plusieurs scénaristes accusent ses dirigeants de s’être approprié leurs projets (Les Jours)
Le créateur du Zapping, licencié par Canal+ en 2016, obtient gain de cause devant les prud’hommes, après sept procès et une garde à vue (Le Monde)
Trois syndicats et RSF saisissent en urgence le Tribunal administratif de Paris et l’Autorité de la concurrence sur le rachat de Challenges par LVMH (CBnews)
Amazon n’avait pas le droit d’imposer la publicité à ses abonnés Prime Video sans leur consentement, d’après la justice allemande (Die Ziet)
Toho crée un siège en Europe en rachetant Anime Ltd., implanté au Royaume-Uni et en France, et en s'alliant avec l’allemand Plaion (Le Film français)
En difficulté financière, la chaîne d’info belge LN24 a reçu une offre de reprise de l’ancien n°2 de RTL Belgium ; décision du CA attendue en janvier (L’Écho)
Prochaine Veille le 5 janvier.
Joyeuses fêtes à toutes et tous.
