
Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
Sofilm en redressement judiciaire

Une de « Sofilm » en septembre 2017.
Capricci Films n’est pas la seule en redressement judiciaire. D’après Ouest-France, deux autres entreprises liées à la fraterie Lounas sont également dans la même situation : les Éditions Nantaises, éditant le magazine Sofilm, et FTL Communication, gérant l’espace de post-production Le Studio Nantais.
Une décision peu étonnante concernant Sofilm, au vu de la mauvaise situation économique de la presse cinéma. En 2024, la société éditrice du magazine déclarait un résultat net déficitaire avec 71 000 euros de pertes, malgré l’aide aux revues de cinéma dont il est le deuxième bénéficiaire (55 000 euros perçus depuis 2019) derrière les Cahiers du cinéma (59 000 euros).
Lancé en 2012, Sofilm est détenu à 50,2 % par Farid et Thierry Lounas (via leurs sociétés Capricci Films, FTL Communication et FTL) et à 49,8 % par le groupe So Press, géré par Franck Annese. Parallèlement, selon Les Jours, le CNC a effectué jeudi dernier un signalement auprès du procureur de la République de Nantes concernant Capricci Films et Bobi Lux, suspectant un éventuel abus de biens sociaux ; et a saisi en parallèle la commission du contrôle de la réglementation qui pourrait condamner ses dirigeants, Thierry Lounas et Claire Bonnefoy, voire leur interdire de diriger une entreprise du secteur.
La presse cinéma dans un état déplorable
Au-delà des ennuis de son actionnaire, la situation de Sofilm met une fois de plus en lumière l’état déplorable de la presse cinéma en France depuis la pandémie, marquée par le déclin inexorable des ventes mais pas seulement :
En 2022, douze titres de la presse cinéma alertaient le président du CNC et la ministre de la Culture sur le péril économique en cours suite à l’augmentation du prix du papier. Depuis, l’aide du CNC fut revue à la hausse passant de 67 000 euros alloués en 2021 à 82 000 euros en 2024.
Ça n’a pas empêché son effondrement : Sofilm aujourd’hui, Première revendu, Les Fiches du cinéma en grande fragilité, Revus & Corrigés arrêté (soulevant au passage des cas d’agressions sexuelles dans le milieu de la critique). Et le panel n’est pas exhaustif.
Pour assurer leur pérennité, certains titres s’adossent à des structures : les Cahiers du cinéma sont la propriété de millionnaires et milliardaires, Positif est co-détenu par des sociétés de production et édité par l’Institut Lumière – Actes Sud s’en est désengagé en 2023 – ou encore Troiscouleurs, qui poursuit son développement sous l’égide de MK2.
Du côté de la presse professionnelle : Le Film français est à vendre, Boxoffice Pro a été scindé de Webedia et Satellifacts repris par un média de la finance.
L’européanisation d’Arte s’accélère

Post de Rachida Dati sur X le 28 novembre 2025.
Vendredi, Rachida Dati s’est rendue à Bruxelles à l’occasion du Conseil « Éducation, jeunesse, culture et sport » de l’Union européenne. Un conseil dans lequel la ministre de la Culture a pu présenter, avec son homologue allemand Wolfram Weimer, le projet d’européanisation d’Arte à travers la création de la plateforme Arte+ Europe.
Si le communiqué de Rachida Dati n’en dévoile rien, le média grec Mononews apporte davantage de précisions. Arte+ Europe s’appuierait sur un réseau de chaînes publiques européennes avec une gouvernance commune, des pôles dans chaque pays afin d’assurer un ancrage local ou encore des outils numériques numériques avancés – autrement dit, de l’IA – pour la traduction et l’interopérabilité.
Selon Mononews, l’objectif d’Arte+ Europe serait de proposer 5000 programmes dans 24 langues, partout en Europe. Un projet qui semble avoir reçu l’adhésion des autres membres l’Union européenne au vu du tweet de la ministre se félicitant de mettre en œuvre une « plateforme européenne de référence pour une production et une diffusion à l'échelle européenne dans toutes les langues de l'Europe ».
📬 Les brèves de La Veille
La chronologie des médias revient à l’Assemblée nationale. Ce mercredi, la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale convoque une « table ronde sur la chronologie des médias et sa remise en cause par certains acteurs du secteur » avec différents représentants des organisations du cinéma et de France Télévisions. Il devrait être question des recours de Netflix et Prime Video. (Écran Total)
France TV censure son Complément d’enquête sur CNews. Quatre heures avant sa diffusion, la direction du groupe a fait supprimer un passage sur le rapport accablant de RSF qui montrait que l’extrême droite cumule 40 % d’exposition sur CNews en journée contre 15 % pour la gauche. En cause : l'Arcom, faussement étonnée dans un article du Point, qui ne constate aucun problème de pluralisme sur CNews. (Les Jours)
Les Berlusconi en embuscade. Le groupe MediaForEurope (MFE), ex-Mediaset, contrôlé par les héritiers Berlusconi, a annoncé son entrée sur le marché portugais en prenant 32,9 % du capital de Grupo Impresa, éditeur des populaires chaînes SIC et du quotidien Expresso. MFE, qui avait pris le contrôle du groupe allemand ProSiebenSat.1 en septembre, est désormais implanté dans 17 pays d’Europe. (Reuters)
YouTube, le nouveau clair de Canal+ ? « Maxime Saada considère que YouTube est la vitrine de Canal+ car nous lui apportons 7 % des abonnés payants », relate Justine Ryst, directrice générale de YouTube en France, expliquant que Canal+ et Netflix ne sont pas des concurrents mais des partenaires. Le remplaçant 2.0 des plages en clair, historiquement qualifiées de vitrines de la chaîne. (Satellifacts Magazine)
➕ de Veille
Scission de Vivendi : la Cour de cassation tranche en faveur du groupe Bolloré mais renvoie en cour d'appel (Les Échos)
Les 730 radios indépendantes locales sont menacées par une forte réduction de leur fonds de soutien dans le projet de loi de finances 2026 (Le Monde)
La CNIL sanctionne Condé Nast à une amende de 750 000 euros pour le dépôt de cookies sans consentement sur le site de Vanity Fair France (Next)
La revue XXI, reprise par Indigo Publications en 2023, change d’identité visuelle et devient Revue21 pour tenter un nouveau départ (Libération)
La Cinémathèque française ferme ses quatre salles de cinéma jusqu'en janvier pour mener un « traitement complet » contre les punaises de lit (Ici)
Pathé Cinémas accélère son développement en Belgique et ouvre son premier cinéma 100 % premium à Sint-Niklaas (LinkedIn)
