
Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
🚫 Liste noire à Hollywood ?

Extrait de la une de Variety sur David Ellison © Mark Harris / Variety
Premier bilan pour David Ellison. Variety consacre une enquête sur les 100 premiers jours du nouveau patron de Paramount, racheté avec l’argent de son père, Larry Ellison, cofondateur d’Oracle et deuxième homme le plus riche du monde.
Cent jours « dramatiques » ponctués par les 2000 licenciements annoncés, le départ du tout-puissant showrunner Taylor Sheridan, le virage droitier de CBS News ou encore ses offres de rachat sur Warner Bros. Discovery. Mais Variety soulève un autre point qui fait tanguer le studio : le conflit à Gaza, et plus particulièrement Israël.
« Larry Ellison est un soutien indéfectible d’Israël, et un proche de longue date de Benjamin Netanyahu », rappelait l'Observatoire des multinationales le mois dernier. Le Haaretz rapportait même qu'Ellison – père – aurait proposé au premier ministre israélien en 2021 de rejoindre le conseil d’administration d’Oracle, offre qu’il a refusée, malgré avoir été reçu par Ellison sur son île privée à Hawaï. Ainsi, gare à celles et ceux qui voudraient dénoncer le génocide à Gaza perpétré par l’armée israélienne ?
En septembre, Paramount a ouvertement critiqué le boycott de l’industrie cinématographique israélienne, après une lettre ouverte à l’initiative du groupe Film Workers for Palestine, signée par 4000 personnalités comme Emma Stone, Javier Bardem ou Joaquin Phoenix.
Plusieurs sources affirment à Variety que Paramount tiendrait une liste de talents avec lesquels ils ne souhaitent pas travailler car considérés comme « ouvertement antisémites », « xénophobes » ou « homophobes ». D’autres réfutent l’existence de cette liste mais confirment que la nouvelle direction refuserait de travailler avec des artistes ne partageant pas leurs valeurs.
La proximité des Ellison avec Trump et Netanyahou laisse penser que Paramount pourrait mettre son veto à la présence de personnalités ayant publiquement dénoncé le rôle d’Israël dans le génocide à Gaza. Est-ce la naissance d’une nouvelle forme de maccarthysme à Hollywood ?
Certains signalent à Variety que les licenciements chez CBS News ont touché ceux « dont les reportages présentaient un penchant anti-israélien » au moment où David Ellison nommait à sa tête une nouvelle rédactrice en chef, Bari Weiss, ouvertement pro-israélienne.
🚀 Canal+ à la conquête du monde

Maxime Saada face au président de L'ARP, Jérôme Enrico © L’ARP / YouTube
Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+, était l’invité des Rencontres cinématographiques de L’ARP vendredi 7 novembre. L’occasion de venir rassurer les professionnels du cinéma le jour où Canal+ confirmait son entrée au capital d’UGC, à hauteur de 34 %, avant une éventuelle prise de contrôle en 2028.
Le patron de Canal+ est revenu sur le « marché très confus » de l’audiovisuel aujourd’hui, déstabilisé par les acteurs de la tech et la consolidation, générant une « porosité entre les métiers des uns et des autres » : de la publicité sur Netflix, des micro-paiements sur TF1+ ou encore des offres payantes sur YouTube. Il évoque le « travail extraordinaire » de ce dernier, « sans doute devenu le média le plus consommé par les jeunes dans le monde, de loin », sans toutefois évoquer son rival Dailymotion, propriété de Canal+, maintes et maintes fois relancé sans succès.
Avec le rachat de MultiChoice, le groupe Canal+, doté de 40 millions d’abonnés et d’un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros aujourd’hui, vise désormais 100 millions d’abonnés et 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « Les territoires de développement sont principalement anglophones », d’après Maxime Saada, justifiant le choix de coter le groupe à Londres l’an dernier.
Au sujet du cinéma : « Nous ne souhaitons pas baisser nos investissements dans le cinéma français, nous souhaitons les augmenter », d’après Maxime Saada, citant le cinéma comme première motivation à l’abonnement. Néanmoins, le groupe ne s’estime plus dépendant du cinéma français, Canal+ ayant fait le choix de diversifier son offre (agrégation, sports mécaniques, etc.) pour sa survie.
Au sujet d’UGC, un groupe qui « intéressait beaucoup de tiers » : Saada évoque une éventuelle prise de contrôle à terme, citant la présence d'« options réciproques, de rachat de notre côté et de vente de leur part ». Canal+ tranchera selon les exigences de l’Autorité de la concurrence.
Au sujet des chaînes FAST : « J’interdis aux équipes de Studiocanal de vendre des films à des chaînes de cinéma gratuites », estimant qu’elles nuisent à la valeur du cinéma. (Studiocanal s’y est tout de même aventuré en lançant une chaîne FAST avec ITV Studios l’an dernier.)
Au sujet de la politique : « Nous n’avons pas de prisme politique chez Canal+. S’il y en avait un, Canal+ en mourrait », estime Maxime Saada au sujet des films financés par le groupe, malgré les nombreux cas de censure connus. Il ajoute même avoir arrêté l’émission d’Yves Calvi, L’Info du vrai, en 2021 pour mettre fin à « toute interprétation possible d'une émission qui aurait pu être jugée comme politique ». Peut-être a-t-il oublié l’existence de CNews ?
🔗 Le replay est à voir ici (42 minutes).
📬 Les brèves de La Veille
Démissions fracassantes à la BBC. Le groupe audiovisuel britannique perd son directeur général, Tim Davie, et sa directrice de l’information, Deborah Turness, suite au scandale révélé par le Telegraph lundi dernier. Le journal conservateur avait mis en lumière le montage trompeur d'un discours de Trump, diffusé sur BBC One en 2024, qui donnait l’impression que le président incitait à l’émeute. (Le Monde)
Sky veut racheter ITV. Comme si Canal+ avait l’ambition de racheter TF1 : le bouquet de télévision payante Sky, propriété de Comcast, est en discussions pour le rachat des chaînes gratuites ITV et de sa plateforme ITVX, les valorisant à 1,6 milliard de livres. L’entité ITV Studios n’est pas concernée. Une fusion XXL qui pourrait poser problème, Sky et ITV représentant plus de 70 % du marché publicitaire TV. (Les Échos)
Le RN veut supprimer le CNC. À l'occasion du projet de loi de finances pour 2026, un amendement du RN propose de transférer les recettes des taxes affectées au CNC (846 millions d'euros) vers le budget général de l’État… en vue de la suppression du CNC. « L’argent des Français ne saurait durablement être ainsi gaspillé dans une vaste entreprise de propagande. » (Insight NPA)
Warner fixé sur son sort d’ici Noël. Scission, vente ou les deux ? Warner Bros. Discovery prévoit de faire une annonce publique sur son avenir pour mi-décembre ou fin décembre. Paramount Skydance a déjà déposé plusieurs offres pour un rachat complet du groupe tandis que Netflix et Comcast seraient intéressés par les actifs cinéma & streaming. (CNBC)
Tarak Ben Ammar condamné à 4 ans de prison avec sursis. Fin de partie pour le producteur à la carrière tentaculaire (Polanski, Chabrol, De Palma…), ex-manager de Michael Jackson et proche de Murdoch, Weinstein et Bolloré. Ben Ammar a été condamné jeudi dernier à 4 ans de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende pour la faillite frauduleuse de son groupe Quinta Industries en 2011. (L’Informé)
➕ de Veille
À l’aube de nouvelles législatives en Hongrie, des proches de Viktor Orbán s’emparent du quotidien le plus lu du pays (L’Humanité)
Le New York Times dépasse les 12 millions d’abonnés avec un revenu moyen par abonné numérique à 9,79 dollars (Libération)
« Adoptez l'IA ou vous allez mourir » : les mots du PDG alimentent la tension chez Axel Springer, éditeur de Business Insider et Politico (Status)
Cyril Hanouna va racheter intégralement sa société H2O Productions, détenue par Banijay France depuis 2015 (Les Échos)
Hildegarde cède sa participation dans Goodfellas Animation, ex-Gebeka International, à son partenaire Goodfellas (Le Film français)
La première production de Pathé Séries, Belphégor, déjà porté à l’écran par Pathé en 1927 et 1965, arrivera sur HBO Max le 11 décembre (JdG)
