
Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
💸 Les chaînes privées veulent réduire leur contribution au CNC

David Larramendy, président du directoire du groupe M6, ici interrogé par l’Assemblée nationale en février 2024.
Jeudi, le patron du groupe M6 David Larramendy plaidait dans Le Monde : « Aujourd’hui, nous restons taxés à hauteur de 5,15 % de notre chiffre d’affaires pour le [CNC], dont le budget n’a cessé d’augmenter depuis 2019, avec l’apport des plateformes étrangères. Ce système est vertueux, mais, pour le pérenniser, j’ai la conviction qu’il faut diminuer la pression sur les opérateurs historiques privés. »
L’Association des chaînes privées (ACP), organisme de lobbying réunissant TF1, Canal+, M6 et RMC-BFM, elle-même présidée par David Larramendy, a rendu sa demande plus officielle en écrivant directement au Premier ministre Sébastien Lecornu et en diffusant la lettre parmi les sénateurs.
Au cœur de sa demande : un amendant relatif au calcul de la taxe sur les services de télévision due par leurs éditeurs (TST-E), déjà adopté au Sénat le 1er décembre. Il permettrait de réduire leur contribution au CNC en alignant un abattement fiscal actuel de 10 millions à 30 millions d’euros, comme pour les chaînes ne diffusant pas de publicité (Arte, LCP, Public Sénat). De plus, l’amendement exclurait désormais les « frais de régie » de la TST-E, qui avaient été mis en place pour limiter les stratégies d’optimisation fiscale des chaînes. L’ACP plaide donc pour le maintien de cet amendement dans le budget 2026.
Dans une lettre du président du CNC adressée aux sénateurs, consultée par Le Film français, Gaëtan Bruel alerte sur un manque à gagner de 33 millions d’euros, qui entraînerait automatiquement une baisse équivalente des soutiens versés… dont les chaînes sont les premières bénéficiaires.
De plus, contrairement aux affirmations de David Larramendy et de l’ACP, le CNC n'a pas connu de hausse de ses recettes globales et prévoirait même une nette baisse de ses dernières en 2026 (-4,5 %).
En parallèle, les distributeurs relaient la tribune de la SRF et de l’ARP pour défendre le CNC face aux menaces de l’extrême droite, tandis que David Larremendy milite quant à lui pour la dérégulation de l’audiovisuel afin de pouvoir ré-organiser la vente du groupe M6 plus rapidement.
💰 Disney va investir 1 milliard de dollars dans OpenAI

Bob Iger, le PDG de Disney (à gauche), avec Mickey Mouse. © D.R.
Accord historique dans le monde de l’IA. La Walt Disney Company a annoncé jeudi conclure un accord avec OpenAI, société derrière ChatGPT et l’application Sora, pour l’utilisation des personnages de Disney… mais pas seulement.
Dans cet accord portant sur trois ans, OpenAI aura la possibilité dès 2026 d’utiliser plus de 200 personnages Disney – dont les univers Marvel, Pixar ou Star Wars – pour des images sur ChatGPT ou des vidéos générées sur Sora. L'accord n'inclut « aucune ressemblance ou voix de talent ».
Parallèlement, Disney s'engage à devenir un « client majeur » d’OpenAI, intégrant des vidéos de Sora sur Disney+ et ChatGPT pour ses employés. Mais ce n'est pas tout : Disney va prendre une participation de 1 milliard de dollars dans OpenAI.
OpenAI tournait autour des studios hollywoodiens depuis longtemps, mais sans succès. Son accord avec Disney peut espérer booster Sora, son appli vidéo 100 % IA sur laquelle les utilisateurs quotidiens passent en moyenne 13 minutes, contre près de 1h30 sur TikTok.
Mais alors que la crainte d’une bulle IA ne cesse d’augmenter, Sam Altman, le patron d’OpenAI, a déclenché un « code rouge » en interne il y a deux semaines afin de recentrer leurs efforts sur ChatGPT, de plus en plus concurrencé. La génération de vidéos sur Sora a un coût énorme pour OpenAI, d’après le Financial Times, à l’inverse d’une requête ChatGPT.
Le cadeau d’adieu empoisonné de Bob Iger à Disney ? L’avenir tranchera. En attendant, les très puissantes guildes des acteurs (SAG-AFTRA) et scénaristes américains (WGA) s’annoncent déjà très vigilantes sur l’accord. Disney, de son côté, a annoncé le même jour attaquer Google pour avoir violé ses droits d’auteur « à grande échelle » pour entraîner ses services d’IA…
📬 Les brèves de La Veille
Canal+ et TF1 réfléchissent à la syndication. Ce procédé au cœur de la télévision américaine, consistant à codiffuser un même programme sur une multitude de chaînes, intéresserait Canal+ et TF1. Les dirigeants de Canal+ Distribution auraient approché l’indéboulonnable Cyril Viguier, producteur et présentateur du Grand JT des territoires, diffusé sur LCP, TV5Monde et une pluie de chaînes locales et régionales. (La Lettre)
La famille Agnelli se retire des médias italiens. Exor, la holding de la famille Agnelli (héritiers du fondateur de Fiat qui contrôlent Stellantis), est entrée en négociations avancées avec le groupe grec Antenna pour lui vendre GEDI Gruppo Editoriale. GEDI détient de nombreux médias en Italie, dont La Repubblica et La Stampa. Un choc dans le pays, que la direction justifie par l’échec de sa transition numérique. (Le Figaro)
L’effet d’une fusion Paramount/Warner en France. D’après une étude NPA, les films de Warner et Paramount représentaient à eux deux environ 18 % du box-office français sur la période 2022–2025. Ensemble, ils auraient été le 1er distributeur en France (sauf en 2024, battus par Disney). Côté SVOD, leur fusion aurait moins d’intérêt, tous deux étant très dépendants de Canal+ et donc d’abonnés déjà en commun. (Insight NPA)
Changement d’époque chez Brut. Trois mois après son rachat par CMA CGM, tous les fondateurs de Brut quittent le média : Roger Coste est déjà parti, Laurent Lucas suivra début 2026 ; Guillaume Lacroix et Renaud Le Van Kim n’auront plus aucun rôle opérationnel, mais conserveront un rôle de conseil auprès de la PDG. Contrairement à RMC-BFM, aucun journaliste n’a saisi la clause de cession pour partir. (Challenges)
➕ de Veille
Depuis la sortie de Sacré-Cœur, les intimidations et pressions politiques se multiplient autour des salles de cinéma municipales (Mediapart)
Sooner, la plateforme née de la fusion de Filmo et UniversCiné, sera lancée en février avec la même tarification (Satellifacts)
Évincés après 47 et 36 ans en CDD d’usage, les animateurs des Chiffres et des Lettres font condamner France Télévisions aux prud’hommes (Le Parisien)
En bourse, NRJ est au plus haut depuis 2018 malgré la perte de ses deux chaînes de télé et le déclin des audiences radio (Insight NPA)
Bad buzz, clashs et invités d’extrême droite : « Le Crayon » sont-ils devenus les Cyril Hanouna du web ? (StreetPress)
Après deux faillites successives et des relances échouées, Indigo Publications tente la révolution de la dernière chance pour Revue21 (La Revue des médias)
