
Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
🐓 Les ambitions mondiales de Pathé

Hall du Centre Pompidou à l’occasion de l’exposition Pathé en 1994. © Pathé
Après avoir stoppé fin 2023 ses activités de distribution au Royaume-Uni et rapatrié les projets de films anglophones à Paris, Pathé Films annonce cette semaine dans Variety son retour à Londres et, plus globalement, sur la scène internationale.
Ben Browning, ex-dirigeant de FilmNation qui avait notamment produit Anora, Promising Young Woman et Conclave, est nommé co-PDG de Pathé UK et président de la division cinéma mondiale de Pathé. Il aura pour mission, avec Faith Penhale (venue de BBC Studios), de produire des films britanniques et européens anglophones ainsi que des séries d’envergure mondiale.
L’entrée au capital de Rodolphe Saadé en mai dernier, pour 260 millions d’euros, permet aujourd’hui de relancer les ambitions internationales de Pathé à l’aube de son 130e anniversaire en 2026. Mais ces ambitions mondiales sont multiples :
En plus de la production de films et de séries anglophones, Pathé Films s’est récemment lancé dans la production de contenus africains à travers Pathé Touch Afrique, sa filiale à 33 %, qui opérait jusqu’ici en distribution dans 18 territoires francophones du continent depuis la Tunisie et le Sénégal.
Du côté de l’exploitation, Pathé Cinémas continue de renforcer sa diversification évènementielle en Europe (Belgique, Pays-Bas, Suisse) en développant davantage son activité de location de salles.
Au Maroc, Pathé a renforcé au printemps ses liens avec le groupe Marjane, propriété du roi Mohammed VI, afin de développer des nouveaux complexes dans le royaume. Mais la cession récente de 60 % de son cinéma à Casablanca laisse à penser une cession totale de son circuit africain (Maroc, Tunisie, Sénégal, Côté d'Ivoire) à Marjane dans un futur proche. De plus, une loi entrée en vigueur en septembre interdit aux distributeurs d’être également exploitants, laissant aux acteurs jusqu’à août pour s’y conformer.
🎂 LaCinetek veut y croire

© La Cinémathèque des Cinéastes
Après une année 2024 agitée, marquée par le départ de son délégué général (et de sa remplaçante) puis par le décès de son cofondateur, le cinéaste Laurent Cantet, LaCinetek fête aujourd’hui ses 10 ans et annonce près de 20 000 abonnés à l’AFP.
Un seuil déjà atteint à l’issue du premier confinement en 2020, mais avec une offre SVOD alors nettement inférieure tant en termes de prix que de contenu. En septembre 2023, la plateforme spécialisée dans le cinéma de patrimoine, qui revendiquait entre 12 000 et 15 000 abonnés, avait revu son offre, passant de 10 films à 2,99 euros par mois à 85 films à 4,99 euros par mois. Afin d’accélérer sa croissance, LaCinetek est arrivé début 2024 dans les Prime Video Channels, par l’intermédiaire de VOD Factory.
Côté TVOD, LaCinetek propose désormais 2500 films en location et à l’achat, après s’être ouvert aux années 2010–15 en fin d’année dernière. « Il nous manque Disney et MGM, mais on va finir par y arriver » croit Pascale Ferran, présidente de l’association éditrice du service.
Malgré ces chiffres optimistes, LaCinetek reste « limite au niveau financier », d’après Cédric Klapisch, son cofondateur, qui déplore un manque de moyens pour le marketing et espère atteindre 30 000 abonnés. LaCinetek vit aujourd'hui de ses abonnés, mais surtout des aides du CNC (400 K€), de la région Île-de-France, de l’Union européenne ainsi que du mécénat de Chanel.
Sur le créneau patrimonial, LaCinetek subit la forte concurrence de Mubi, qui a levé 100 millions de dollars cette année – non sans remous – mais aussi de la consolidation des offres indépendantes (Filmo, UniversCiné, Le Vidéo Club Carlotta Films, MK2 Curiosity) autour de Sooner, attendu pour 2026.
En parallèle, Madelen (l'offre SVOD de l'INA à 2,99 euros) annonce 92 000 abonnés, guidés avant tout par les séries et le théâtre. La plateforme sera amenée à jouer un rôle clé dans la numérisation du patrimoine audiovisuel.
Dans Libération, Alexandre Blain, directeur du développement numérique et éditorial qui dirige LaCinetek, annonce une refonte du site pour 2026. Ses cofondateurs, quant à eux, souhaitent préserver son modèle associatif.
📬 Les brèves de La Veille
Letterboxd lance sa plateforme VOD. Annoncé lors du dernier Festival de Cannes, le réseau social officialise le lancement de son offre VOD, Letterboxd Video Club, pour début décembre. Disponible partout dans le monde et sur la plupart des supports, l’offre proposera uniquement des films en location. D’après les infos de La Veille, le service est développé par la société néo-zélandaise Shift72. (Letterboxd)
Mathieu Gallet fait son retour dans les podcasts. L'ancien PDG de Radio France et cofondateur de Majelan s’associe avec Jean-Jacques Bourdin et le lobbyiste Paul Boury pour lancer Bourdin le média, podcast de l’ancien animateur-vedette de RMC. Une campagne participative a été lancée ce lundi pour récolter 30 000 euros. Sans grand succès pour le moment, avec seulement 10 donateurs. (L’Informé)
L’audiovisuel public réclame 1,5 M€ aux médias Bolloré. Mardi, Radio France et France Télévisions ont assigné CNews, Europe 1 et Le JDD devant le Tribunal de commerce de Paris pour leur acharnement, en particulier sur l’affaire Legrand–Cohen. En dédommagements, France Télévisions réclame la somme de 1 million d’euros et Radio France un montant « qui ne saurait être inférieur à 500 K€ ». (Le Figaro)
Signaux d’alerte à l’AFP. En neuf mois, le nombre de salariés en grande fragilité morale dans l’agence de presse a doublé, soit une quarantaine de personnes. Trois à quatre salariés du siège ont même évoqué des tentations suicidaires, citant « la terrasse du septième étage comme lieu possible de passage à l'acte ». L’inspection du travail met en cause de graves dysfonctionnements managériaux. (La Lettre)
➕ de Veille
Pas de sortie en salle française pour le dernier film de Luca Guadagnino, qui arrive aujourd’hui directement sur Prime Video (lien)
Le groupe Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, en passe d’échapper à une facture colossale (Le Monde)
Des propos « arriérés » du directeur de la Cinémathèque sur Maria Schneider créent la polémique à la Sorbonne (Mediapart)
Sandrine Floc’h, ancienne collaboratrice d’Urban Distribution, se lance dans la distribution avec Una Mattina Films (Boxoffice Pro)
Sur le site de Ouest-France, des contenus écrits en partie par l'IA avec l’assentiment de la direction (Arrêt sur images)
« Ils sont crevés, certains ont fait des burn-out » : les journalistes du service international de RFI en grève illimitée (L’Humanité)
