
Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
« Traqués », la série pas très originale d’Apple TV

Le roman plagié et Benoît Magimel dans « Traqués ». © Denoël / Apple TV
Que s’est-il passé avec Traqués, la série française d’Apple TV, qui a totalement disparu des radars deux semaines avant sa diffusion ? Son retrait soudain, relayé par La Veille lundi dernier, avait suscité une grande curiosité.
Apple avait en effet supprimé tous ses posts, communiqués de presse, visuels et bandes-annonces, évoquant à demi-mot un report sine die de la série. Un procédé étrange alors que la série The Savant avec Jessica Chastain avait elle aussi été reportée par Apple TV, suite à l’assassinat de Charlie Kirk en septembre, tout en laissant en ligne toute la communication autour du programme.
Dans un billet sur Substack, le journaliste Clément Garin révèle ce qui en serait la raison : Traqués serait le lourd plagiat d’un roman américain de Douglas Fairbairn, Shoot, paru en 1973, publié en France chez Denoël sous le titre « Feu ! ». Tous deux racontent l’histoire d’un groupe d’amis qui part chasser en forêt, tombe sur un autre groupe de chasseurs puis un coup de feu fait dégénérer la situation entre les clans.
Gaumont, producteur de la série qui a aussi supprimé toute mention de cette dernière, confirme implicitement le problème avec un message identique envoyé à l’ensemble des médias : « Nous menons actuellement un examen approfondi afin de répondre à toutes les interrogations liées à notre production. Nous prenons très au sérieux les questions de propriété intellectuelle », ajoutant que son report n’est que temporaire.
Shoot avait connu une adaptation cinématographique éponyme en 1976, sortie plusieurs fois en VHS en France et diffusée en prime time sur M6.
Ces révélations interrogent profondément le travail de Cédric Anger, créateur, réalisateur et scénariste de Traqués. Coscénariste de La Femme la plus riche du monde (actuellement en salles), Anger avait reçu il y a dix ans le César de la meilleure adaptation pour son film La Prochaine fois je viserai le cœur.
Contactés par Le Parisien, « Cédric Anger, les agents des comédiens principaux et [Gaumont] n’ont pas donné suite à nos appels ». Garin mentionne que les acteurs n’auraient pas le droit de parler de la série, et qu’Apple et Gaumont envisageraient une action en justice contre le réalisateur.
Les chaînes thématiques ont-elles un avenir ?

Premier habillage de Canal J, la plus ancienne chaîne thématique, lancée en 1985 par Hachette. (via G. Rouffet)
TV Breizh, Paris Première, RTL9, Téva, Planète+, Serieclub… Vous connaissez sans doute leurs noms mais ne les regardez plus (beaucoup).
À l’occasion de ses rencontres annuelles, l’ACCES – l’Association des chaînes conventionnées éditrices de services, anciennement des chaînes du câble et du satellite – alerte sur le déclin économique du secteur. En dix ans, les revenus des chaînes thématiques (hors Canal+) ont chuté de 40 %, passant de 912 millions d’euros à 534 millions d’euros d’après Satellifacts. De quoi s’interroger sur leur avenir… et sur leur utilité. Ont-elles encore leur place à l’heure du streaming ?
Aux États-Unis, NBCUniversal et Warner Bros. Discovery s’apprêtent à scinder leurs chaînes câblées dans des sociétés distinctes, Versant et Discovery Global, tandis que Paramount Skydance réduit considérablement la voilure : en France, ses chaînes Game One, J-One, MTV Hits, BET et Paramount Network fermeront le 31 décembre.
Les chaînes thématiques ne sont pas nécessairement condamnées. L’avènement des chaînes FAST montre un intérêt manifeste pour la télévision linéaire tout comme la distribution des chaînes de France Télévisions sur Prime Video et celles de TF1 sur Netflix dès l’été prochain.
Néanmoins, l’ACCES souligne que les chaînes FAST ne pourront pas remplacer économiquement les chaînes thématiques. Pour assurer la pérennité de ces dernières, l’association réclame donc un assouplissement de la législation, notamment sur les « jours interdits », créneaux absurdes pour les chaînes cinéma à l’heure des plateformes ; ou sur la capacité à faciliter leur internationalisation, Trace et Mezzo bénéficiant d’une forte audience à l’étranger par exemple.
Parallèlement, le groupe TF1 a gelé ses investissements dans la production pour Ushuaïa TV et Histoire TV depuis cet été, en attendant de savoir si leur distribution serait renouvelé dans les offres Canal+ en 2026, montrant ainsi la fragilité économique des éditeurs, y compris au sein des gros groupes.
📬 Les brèves de La Veille
Trump relance la franchise Rush Hour. Paramount va exhausser un vœu de Trump : faire un Rush Hour 4. Une faveur du président envers Brett Ratner, réalisateur des trois premiers, disgracié d’Hollywood suite aux lourdes accusations d’agressions sexuelles… mais qui a accepté de réaliser le très cher documentaire d’Amazon sur Melania Trump. Paramount, qui cherche à avoir l’aval de Trump pour racheter Warner, a dit banco. Tarak Ben Ammar est en train de boucler le financement. (Puck)
Capricci Films en redressement judiciaire. C’est la décision rendue par le Tribunal de commerce de Nantes alors que la société était en cessation de paiement depuis le 15 septembre, un mois avant les révélations des Jours. En plus des accusations de violences sexistes et sexuelles, Thierry Lounas et Claire Bonnefoy auraient financé leur train de vie dispendieux avec le budget des productions. Le CNC mène actuellement un contrôle sur le financement du film Vincent doit mourir. (Le Film français)
900 postes supprimés dans l’audiovisuel public suisse. La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SRG SSR) a annoncé lundi la suppression de 900 postes d’ici à 2029, sur un total de 7130 employés. L’objectif est de faire 290 millions d’euros d’économies, suite notamment à « la décision du Conseil fédéral de réduire progressivement la redevance média ». Un nouvel affront pour l’audiovisuel public en Europe alors que la BBC et France Télévisions sont déjà sous pression. (Le Monde)
Les personnages LGBTQ+ disparaissent des séries américaines. D’après une étude de l’association Glaad (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation), 41 % des personnages LGBTQ+ dans les séries américaines sont menacés de disparition à l’issue des saisons en cours. Pire encore, seulement 4 des 33 personnages trans reviendraient pour une nouvelle saison. Une conséquence directe de l’élection de Donald Trump et d’un Hollywood se pliant à chaque pouvoir en place. (Télérama)
➕ de Veille
La part de femmes réalisatrices de films en France au plus bas depuis cinq ans, un « signal inquiétant », selon le CNC (Le Monde)
Warner Bros. Discovery fait monter les enchères et demande à ses acheteurs potentiels de déposer une nouvelle offre d’ici le 1er décembre (Bloomberg)
La Cour de cassation rendra demain son verdict sur le cas Vivendi, qui pourrait coûter entre 3 et 3,5 milliards d'euros au groupe Bolloré (Les Échos)
Près de 70 % des abonnements Ligue 1+ proviennent du streaming, Amazon et bundles inclus ; les 30 % restants venant des opérateurs (Insight NPA)
T18 prévoit de lancer son site en décembre, avant une arrivée du replay chez les opérateurs et sur TF1+ en 2026 (La Correspondance de la Presse)
Comment Toy Story, premier long métrage de Pixar sorti il y a 30 ans, a changé l’animation (The New York Times)
