Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
🏛️ L’audiovisuel public sous pression
Façade du palais Bourbon. © Parsifall
France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, l’INA, Arte, TV5Monde, LCP, Public Sénat : tout le monde devrait y passer.
Du 25 novembre à la mi-avril, une commission d’enquête à l’Assemblée nationale cherchera à interroger « la neutralité, le fonctionnement et le financement » des entreprises de l'audiovisuel public. La commission, voulue par Éric Ciotti, devrait mener une cinquantaine d’entretiens, rapporte Le Monde ce matin.
Cette commission d’enquête arrive à un moment très délicat pour l’audiovisuel public pris en étau entre l’extrême-droite, qui souhaite la privatiser partiellement ou intégralement, et un contexte budgétaire qui lui impose de fortes restrictions.
France Télévisions, qui représente 63 % du budget dédié à l’audiovisuel public (2,5 milliards d’euros par an), s’annonce au cœur de la commission tant ses problématiques sont nombreuses : situation budgétaire « préoccupante », management toxique et dérapages éditoriaux à répétition.
Au même moment, la BBC – modèle tant admiré par l’audiovisuel français – connaît sa plus grave crise depuis des décennies. Une manipulation journalistique autour de Donald Trump a entraîné la semaine dernière la démission de son directeur général et de la directrice de BBC News. Trump réclame 1 milliard de dollars de dommages et intérêts.
Cette commission d’enquête peut-elle aboutir à quelque chose ? Pas sûr, au vu de la fragilité de l’actuelle Assemblée. Une nouvelle dissolution mettrait fin immédiatement et automatiquement à tous les travaux en cours. Le projet de holding de l’audiovisuel public semble, quant à lui, avoir disparu des radars.
⛰️ Les premières chiffres de Paramount Skydance
Lundi, Paramount Skydance a dévoilé pour la première fois ses résultats financiers depuis son rachat / fusion en août dernier ; l’occasion de faire un point sur les 100 premiers jours de l’ère Ellison. Malgré des résultats en deçà des attentes ce trimestre (6,7 milliards de dollars de revenus contre 7 milliards attendus), le groupe réaffirme ses trois priorités stratégiques : investir dans la création, accélérer dans le streaming et accroître sa rentabilité.
Le troisième trimestre 2025 est marqué par des résultats en croissance pour Paramount+ : +24 % de revenus, +10 % d'abonnés et un revenu moyen par abonné (ARPU) en hausse de 11 %. Toute la division direct-to-consumer y gagne (+17 %) tandis que le segment de la TV linéaire continue de décliner (-12 %). La fusion génère aussi une croissance des revenus cinéma, mais la marge reste négative à cause d’un line up sous-performant ce trimestre.
Ellison continue de mener une restructuration aggressive du groupe, annonçant cette fois 3 milliards d'économies contre 2 Md$ annoncés initialement. En plus des 1000 licenciements, des 1000 autres attendus, 600 départs volontaires s'ajoutent suite à l'arrêt du télétravail en 2026.
Paramount annonce la mise en vente de ses chaînes sud-américaines Telefe, rachetée à Telefónica en 2016, et Chilevisión, acquise auprès de WarnerMedia en 2021.
Côté streaming, Paramount+ prévoit une nouvelle hausse des prix en 2026 aux États-Unis, au Canada et en Australie. Le groupe souhaite mettre un terme aux bundles à faible marge et réduire les essais gratuits. La plateforme va également unifier sa technologie avec Pluto TV pour réduire les coûts.
Côté cinéma, Paramount Pictures prévoit au moins 15 sorties en salle en 2026, contre près de 8 aujourd’hui. Une ambition considérable, peut-être doublée par l’acquisition de Warner Bros. Discovery…
📬 Les brèves de La Veille
Axel Springer cherche sa prochaine acquisition. Après l’acquisition de Business Insider en 2015 et de Politico en 2021, le groupe de presse allemand serait intéressé par un éventuel rachat de CNN, si Warner venait à confirmer la scission du groupe ; de Bloomberg Media (sans l'activité d’information financière), voire même du Wall Street Journal, s’il parvenait à le détacher de l’empire Murdoch. (Semafor)
La Chine fait annuler un festival de cinéma à New York. La première édition de l’IndieChina Film Festival, nouvelle vitrine pour les films chinois indépendants, devait se tenir à New York du 8 au 15 novembre. Mais la pression des autorités chinoises sur les réalisateurs, les modérateurs, un volontaire et la famille de l’organisateur en Chine mit à terme à l’évènement. Plusieurs films programmés abordaient des sujets « sensibles », comme la pandémie ou la politique de l'enfant unique. (The NY Times)
Sans YouTube TV, Disney perd 4,3 M$ par jour. Depuis près de deux semaines, les chaînes de Disney (ABC, ESPN, etc.) ont disparu de YouTube TV aux États-Unis. Disney perdrait 30 millions de dollars par semaine, d’après les analystes de Morgan Stanley, tandis que 24 % des foyers seraient sur le point d’annuler leur abonnement YouTube TV. Les négociations demeurent néanmoins dans l’impasse. (Variety)
Netflix ouvre son premier parc d'attractions. Ce mercredi, Netflix a inauguré son premier Netflix House, un parc à thème de 10 000 m2 situé dans un centre commercial en banlieue de Philadelphie. Parmi les activités : un mini-golf, un restaurant, une boutique de souvenirs et un cinéma, le Tudum Theater. Deux autres Netflix House sont déjà prévus : l’un à Dallas en fin d’année et l’autre à Las Vegas en 2027. (BFMTV)
➕ de Veille
Ligue 1+ en bonne voie pour atteindre ses objectifs avec déjà 1,08 million d'abonnés fin septembre, sans être distribué par Canal+ (L’Équipe)
Le Monde et Le HuffPost France font appel aux dons pour soutenir leurs modèles économiques (Mind Media)
À L’Équipe, le plan de réorganisation rejeté à 88 % par la rédaction (Le Monde)
Apple n’a pas l’intention de racheter A24, Warner Bros. ou Disney, ni d'ajouter une offre avec publicité (Screen International)
Le Canada prévoit d'investir 3,7 millions d’euros sur trois ans pour développer la plateforme gratuite TV5Monde+ (CB News)
LaCinetek veut préserver son modèle associatif et prévoit une refonte de son site pour 2026 (Libération)
