
Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Veille. Au sommaire aujourd’hui :
🎪 Canal+ fait son show

Maxime Saada, président du directoire de Canal+, à l’Olympia mardi. © Mathieu Ninat / Canal+
À l’occasion du premier anniversaire de son introduction en bourse, Canal+ organisait un évènement mardi soir à l’Olympia (propriété du groupe depuis la scission de Vivendi en 2024) intitulé « The Original + », en référence aux nombreuses plateformes qui lui ont emprunté son signe algébrique.
Une année 2025 ponctuée par son entrée au capital d’UGC, mais surtout par la finalisation du rachat de l’opérateur sud-africain MultiChoice, l’ayant fait passer de 27 millions d’abonnés à plus de 40 millions dans le monde. « Lorsque nous avons finalisé l’opération MultiChoice, les premiers messages de félicitation que j’ai reçus venaient du patron de Warner et de celui de Netflix », a dévoilé le PDG de Canal+, Maxime Saada.
Saada réitère avoir « fixé le cap des 50 millions à 100 millions d’abonnés à l’horizon 2030 », en attendant l’annonce de synergies entre Canal+ et MultiChoice dès janvier. L’intégration de MultiChoice fera aussi office de crash test en vue d’éventuelles acquisitions (Viaplay en Scandinavie et Viu en Asie du Sud-Est, dont Canal+ est déjà actionnaire). En 1996, le rachat dispendieux du catalogue d’UGC, devenu Studiocanal, et sa fusion désastreuse avec les chaînes européennes de NetHold (qui détenait MultiChoice) avaient marqué le début d’une ère noire pour Canal+ qui mènera in fine au départ de Pierre Lescure et à la quasi-faillite du groupe.
Se voulant bien plus prudent, Maxime Saada veut démontrer le « pari gagnant » qu’est celui de l’Afrique, avec sa forte croissance démographique attendue d’ici 2050 et son électrification en cours. Il se félicite de diriger le « seul groupe européen à être identifié aux États-Unis », lui permettant de négocier avec les Américains.
L’évènement s’est notamment poursuivi avec un florilège des futures séries originales de Canal+ (la série Un prophète, le retour de Baron noir, Désordres ou Empathie), de MultiChoice et des projets de Studiocanal : un film Les 12 travaux d’Astérix réalisé par Jonathan Cohen, un reboot de Chapeau melon et bottes de cuir, une série L’Armée des ombres par « un grand réalisateur »…
Sans toutefois annoncer d’acquisitions. « Canal+ n’est dépendant d’aucun contenu », martèle Maxime Saada, affirmant que « pas un abonné n’est parti » après la perte des contenus de Disney et de la Ligue 1.
En France, l’avenir des créations originales de Ciné+ OCS interroge puisque le bouquet vient de perdre sa responsable des fictions françaises et s’apprête à liquider deux séries françaises inédites : Deadline, diffusée la nuit dernière, et Pécheresses, dans la nuit de samedi à dimanche.
🚮 Warner ne veut pas de Paramount

Le site de Netflix pour défendre son rachat de Warner Bros. © netflixwbtogether.com
Un invité surprise a fait son apparition au show de Canal+ mardi soir : Ted Sarandos, co-PDG de Netflix. Une opération séduction parfaitement millimétrée pour rassurer les professionnels du cinéma sur leur acquisition annoncée de Warner Bros. L'intérêt pour eux ? Un catalogue centenaire et prestigieux. Comment ça va se passer ? Les films Warner sortiront en salles, puis sur Canal+, puis sur Netflix. Tout le monde est rassuré.
Jeudi, le conseil d’administration de Warner Bros. Discovery a rendu son verdict sur l’offre de Paramount Skydance : poubelle. Warner recommande à ses actionnaires de ne pas vendre leurs actions à Paramount, estimant que la famille Ellison les induit en erreur – leur fortune n’est pas le « filet de sécurité » qu’ils font croire – et que le risque réglementaire n’est pas supérieur avec Netflix qu’avec Paramount.
L’OPA de Paramount se poursuit néanmoins jusqu’au 8 janvier. Il leur faudrait convaincre 51 % des actionnaires pour prendre le contrôle de Warner, non sans chaos.
La veille, Affinity Partners, le fonds du gendre de Trump, s’était retiré de l’offre de Paramount. Parallèlement, Oracle, l’entreprise à l’origine de la fortune des Ellison, continue de s’effondrer en bourse.
Paramount a d’ores et déjà annoncé qu’ils ne feront pas de sur-offre. Ils estiment déjà proposer la meilleure. Netflix, de son côté, se félicite de la réaction du conseil d’administration de Warner et a lancé un site, NetflixWBtogether.com, pour rassurer tout le monde.
Dans sa déclaration à la SEC (l’autorité américaine des marchés financiers), Warner révèle qu’il y avait un quatrième acheteur. Celui-ci avait proposé 25 milliards de dollars en cash pour les chaînes de Warner (l’entité Discovery Global) et 20 % de l’activité studios (Warner Bros., HBO, HBO Max). D’après le journaliste Dylan Byers, il s’agirait de Starz, récemment scindé de Lionsgate.
📬 Les brèves de La Veille
Troisième plan de départ en vue chez Prisma. Racheté par Bolloré en 2021, à travers Vivendi puis Louis Hachette Group aujourd’hui, le groupe Prisma Media (Télé-Loisirs, Voici, Femme actuelle) s’apprêterait à supprimer 200 à 250 postes sur un peu plus de 700 salariés. La direction souhaiterait une rupture conventionnelle collective tandis que les syndicats exigent un plan de sauvegarde de l’emploi. (Le Figaro)
Le CNC va davantage aider les plateformes. Dès 2026, plus une plateforme française générera de revenus avec des œuvres françaises, plus elle bénéficiera du soutien automatique du CNC. Cette réforme de l’aide à la diffusion (4 millions d’euros) concerne aussi le soutien sélectif, désormais élargi aux plateformes non consacrées au cinéma, aux streamers AVOD/FAST ou encore aux services de jeux vidéo. (Satellifacts)
YouTube rafle la diffusion des Oscars. Les Oscars à la télé, c'est bientôt terminé. De 2029 à 2033, les Oscars seront diffusés exclusivement sur YouTube… avec un abonnement YouTube TV aux États-Unis et gratuitement dans le reste du monde. Coup dur (symbolique) pour Disney, dont la chaîne ABC diffusait la cérémonie depuis 1976 et qui en commercialisait les droits à travers le monde. (The New York Times)
Netflix intensifie sa stratégie dans les podcasts. En attendant Warner, Netflix semble bien déterminé à rivaliser avec YouTube. Le streamer vient d’annoncer 3 accords successifs en quelques semaines avec Spotify, iHeartMedia et Barstool Sports pour la diffusion exclusive des versions filmées de 34 podcasts sur sa plateforme. Les versions audio resteront accessibles sur les applis d’écoute. (Variety)
➕ de Veille
L’extrême droite espionne les journalistes de gauche : Thomas Legrand prend un café avec Laurence Bloch, la conversation finit sur Europe 1 (Télérama)
Le remake turc d’Intouchables prend la tête du box-office 2025 dans le pays, faisant le double d’entrées de Minecraft et le triple de Zootopie 2 (Variety)
À Paris, le cinéma La Clef, fermé en 2018 puis devenu « indépendant, autogéré, associatif et solidaire », va rouvrir le 14 janvier (Le Parisien)
Le César, cinéma historique de Marseille fermé depuis 2023, va devenir un tiers-lieu culturel sous l’égide du Lucernaire (La Marseillaise)
Pathé ouvre son deuxième cinéma au Maroc, à Rabat, et étudie la possibilité d’en ouvrir trois autres d’ici 2029 (Le Film français)
TF1 se lance dans les podcasts natifs filmés : « À l'ère de l’IA, nous pouvons nous démarquer car l’humain est au centre de notre proposition » (Les Échos)
